Nice-Paris
Les trois compères se préparent pour la grande aventure. Ils vont rallier la capitale française au rythme frénétique de leurs supers engins.: Photo Patrick Clementé
Ils sont fondus. C'est eux qui l'affirment et peuvent légitimement s'en enorgueillir. Il est vrai que la balade qu'ils entameront le samedi 15 au matin relève d'un exploit... On le situerait entre la montée de l'Himalaya en tongs et le plus grand nombre de kilomètres de saucisse ingurgités en une minute. La gageure est de faire le trajet Nice-Paris juché sur un Solex.
Le drôle d'engin affiche sa dégaine de bicyclette au moteur sur la roue avant depuis 1946. Les évolutions ont été plus ou moins heureuses au fil du temps. Mais les gamins de plus de cinquante ans qui l'ont élevé au rang d'un mythe, comme d'autres vénèrent les Ferrari ou les Harley, s'en moquent. La passion ne s'embarrasse pas des mesquineries et autres critiques sur une tenue de route jugée parfois hasardeuse.
Départ de Nice à 7 h
Mario et Nicolas, les Fréjusiens comme Sauveur, le Niçois, sont tombés dans la marmite Solex quand ils étaient tout petits. À l'occasion d'une balade à Saint-Trop' avec des potes, a été lancé l'improbable pari : conquérir la capitale et exposer leurs joujoux de luxe sous la Tour Eiffel. « Une balade au rythme des engins, qui laisse apprécier la vision des paysages... » Cerise sur le gâteau, ils seront reçus par Christian Estrosi en personne, ministre de l'Industrie, mais aussi ancien champion moto, qui saura sans nul doute apprécier ce périple de longue haleine.
Après des semaines de préparation, l'aventure est sur les rails. Ils seront onze au départ le samedi 15 avril sur des deux-roues entretenus par leurs soins. Premier départ de Nice à 7 h, avant de rallier Fréjus, puis, le grand saut, jusqu'à Salon-de-Provence. Deuxième étape jusqu'à Chanas, puis Chalon-sur-Saône, Auxerre et dernier jour à Paris avec rendez-vous au Trocadéro. La mécanique comme le postérieur des postulants ont tout intérêt à tenir. La balade se fera, en effet, sans assistance. « A nous de nous débrouiller...» Mécaniciens chevronnés, ils devraient surmonter l'obstacle.
Dans le temple du Solex
Il faut rentrer dans l'atelier de Mario, employé municipal de Fréjus, pour mieux comprendre l'ampleur du phénomène. Le moteur de Solex, qu'il s'est fait tatouer sur le biceps, renvoie à la quarantaine de modèles de toutes époques, tous en état de marche, qui font le quotidien de ses heures de loisir. Dans cette caverne d'Ali Baba du deux-roues, où il prépare le Solex 3 800 de 1966 qui le mènera à Paris, Mario accumule les pièces, trie, répare, entretient.
Des guidons et pots d'échappement à la pelle, des étagères de moteurs, des pédaliers comme s'ils en pleuvaient, d'innombrables tiroirs, où s'entassent les mille et une pièces indispensables pour rénover un exemplaire récupéré dans une casse ou une brocante. « On va partout, les gens nous connaissent et ils nous contactent. Je peux réparer ou reconstruire n'importe quel Solex, quelle que soit l'époque de sa construction... »
À Fréjus, tous les amateurs le connaissent. Et ils sont prêts à le suivre pour le futur club « Solex Fréjus », qu'il entend bientôt créer avec son ami Nicolas.
Le Solex, grâce à ces passionnés, retrouve un nouveau souffle. La preuve : de plus en plus de jeunes délaissent le scooter pour revenir à cet ancêtre de choc. La mode, il est vrai, est un perpétuel recommencement.
Éric DELUARD
Savoir +
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